13-12-2014 : La Rochelle Protestante

Pour terminer cette année, nous avions décidé de faire une sortie un peu « particulière ». Sans avoir le niveau du veilleur de nuit bien connu à la Rochelle, mais qui ne parcourt pas la ville dans l’après-midi, nous avons recherché les traces et monuments du protestantisme qui a marqué l’histoire de la ville dès 1540.

Avec 44 participants, nous avons été obligés de scinder le groupe en 2 pour ne perdre personne et que tous ceux qui le souhaitaient puissent entendre les informations que nous avions recueillies pour illustrer la visite.

Au terme des 5 km de déambulation, nous avons profité d’une boisson chaude au café de la Paix bien connu pour son cadre brasserie rétro.

Vous retrouverez ci-dessous les informations que nous avons données tout au long du parcourt puis en annexe quelques notes sur le protestantisme et des liens vers les sites que nous avons utilisés pour préparer cette sortie.

 

Le Protestantisme à La Rochelle

La Réforme est apparue peu avant 1540 à La Rochelle. Dès 1546, La Rochelle est une des grandes villes du royaume gagnées à la Réforme. En 1571 se tient à La Rochelle le VIIè synode national qui ratifie la « confession de La Rochelle » (Une confession de foi est une déclaration des croyances partagées d’une communauté religieuse sous une forme structurée par des sujets résumant les principes doctrinaux).

En septembre 1627 commence le siège de La Rochelle qui se termine par la reddition de la ville en octobre 1628. Le siège a été mené par Richelieu, le roi préférant les guerres de mouvements et ayant quelques difficultés avec les sièges après celui de Montauban.

 

Nous avons fait une succincte introduction aux origines et au particularités du protestantisme avant de partir de l’office du tourisme vers l’église Saint Sauveur.

Église Saint-Sauveur

En 1561 les protestants rochelais obtiennent l’autorisation d’utiliser les églises Saint-Sauveur et Saint Barthélemy pour se réunir en alternance avec les catholique (simultaneum). Cela ne dure que quelques semaine en 1561-62. En 1563 un édit du roi Charles IX autorise les protestants à s’assembler ouvertement dans les salles Saint-Michel et Gargoulleau. En 1568 lorsque François Pontard, maire de La Rochelle, oblige les rochelais à rallier le parti du protestant Louis de Condé, la ville est mise en état de défense. Les églises sont démolies et les pierres sont utilisées pour renforcer les remparts. Seuls les clochers qui présentent un intérêt stratégique (tour de guet) sont conservés. Ça explique l’aspect actuel de l’église : clocher du XVème et le reste du XVIIIème (après un incendie).

 

le Temple

C’est l’ancienne salle Saint-Michel, où se réunissaient les protestants vers 1563, que Louis XIII donne à l’ordre des frères mineurs des Récollets après le siège. Ils y construisent un cloître et une église en 1691.La façade est typique de la Contre-Réforme en France (style baroque pour impressionner). Elle comporte deux palmes et deux niches (aujourd’hui vides) surmontées d’une guirlande et soutenus par de riches culs-de-lampe. L’édifice prend le nom d’église des Récollets. Lors de la révolution, l’église est vendue à M.Ranson en 1793 au nom des familles protestantes de la ville, qui n’avaient plus de temple depuis 1685. En 1798, elle est définitivement confiée au culte réformé. En 1810 le reste du couvent est cédé aux sœurs de Notre-Dame de Charité (Dames Blanches).

Hôtel Bernon (27 rue Amelot)

Ancienne famille rochelaise (un Bernon a été maire en 1398), les Bernon se sont convertis de bonne heure à la Réforme. Leur demeure sert de lieu de culte quand le protestantisme se reconstitue de façon semi-clandestine à partir de 1755. Les Bernon du XVIIIe siècle font construire en 1757 cet hôtel. En 1768 ils financent la publication du psautier de Pierre Dangirard appelé le « pape des protestant » par ses adversaires.

 

Chapelle de l’hôpital Saint-Louis (rue Saint-Louis, au bout de la rue Amelot)

Le prêche de la ville neuve a été construit ici en 1630 pour remplacer le Grand Temple de la place du Château, confisqué par le roi après le siège pour devenir la Cathédrale. Ce temple a été détruit en 1685, 6 mois avant la révocation de l’Édit de Nantes sur ordre du lieutenant criminel de La Rochelle.

La pierre au dessus de la porte décorait la façade du temple de la ville neuve (arme de France et de Navarre).

Centre protestant (2 rue Brave Rondeau)

Les bâtiments sont construits au XIXe siècle par la communauté réformée et la « Société de charité des dames protestantes » pour y établir une école et un « asile » (sorte de garderie) pour les jeunes enfants. Aujourd’hui ces locaux, complètement rénovés, abritent le presbytère et des salles de réunion sous le nom de Centre protestant.

Croix Huguenote : créée vers 1688 après la révocation de l’Édit de Nantes, en forme de croix de Malte aux pointes garnies de perles. Des fleurs de lys s’insèrent entre les branches de la croix avec lesquelles elles forment des cœurs. La colombe, symbole du Saint-Esprit est suspendue à la croix, ou parfois pendentif en forme d’ampoule ou de larme appelé « trissou »

Ancienne maison Gargoulleau (22 rue Gargoulleau)

Cette porte était autrefois vraisemblablement celle de la salle Gargoulleau, un des premiers lieux de culte des protestants, appartenant à une famille gagnée de bonne heure à la Réforme qui a joué un rôle important dans l’histoire de la ville. La salle a été utilisée après les églises Saint-Sauveur et Saint Barthélemy, les protestants ayant en 1563 l’autorisation de roi d’occuper les salles Saint-Michel et Gargoulleau. Dans cette dernière salle on aurait célébré 1659 baptêmes entre 1563 et 1566 (500 par ans en moyenne).

 

Ancien Hôtel Fleuriau (Musée du Nouveau Monde – 10 rue Fleuriau)

Aimé-Benjamin Fleuriau, et sa femme Marie-Anne-Suzanne Liège, appartiennent à la grande bourgeoisie des armateurs et négociants enrichis par le commerce maritime et le produit de leurs plantations de Saint-Dominique. Ils jouent un rôle actif et généreux au sein de la communauté protestante quand elle se reconstitue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Leur fils Louis-Benjamin fonde le muséum d’histoire naturelle. « la fortune doit se faire pardonner par une charité ardente et éclairée » .

 

Hôtel de Marsan (14 rue Bazoges)

Résidence de la protestante Catherine de Parthenay à partir de 1626 jusqu’à la fin du siège. Elle sera emprisonnée dans l’hôtel Chaumont puis dans la forteresse de Niort. Elle sera libérée en 1629 et mourra en 1631.

Catherine de Parthenay est une humaniste calviniste, femme de René II de Rohan et fille de Jean V de Parthenay seigneur de Soubise. Autrice de pamphlets notamment contre l’abjuration d’Henri IV.

 

Maison Henri II (11 rue des augustins)

Cette maison est construite pour Hugues Pontard , procureur du roi en Saintonge, ville et gouvernement de La Rochelle, dont le fils François a été maire de La Rochelle (oblige en 1568 La Rochelle à rallier le parti de Louis de Comdé)

Dans le bas de la rue (plus de traces) se trouvait autrefois le couvent des Augustins, abandonné par les religieux en 1562 et utilisé par les protestants comme lieu de culte. C’est dans le réfectoire des moines que se tient le synode de 1571, présidé par Théodore de Bèze, qui ratifie le texte de la Confession de foi élaborée en 1559 par le synode de Paris.

 

Lieu de culte clandestin (14 rue Saint-Yon /magasin J Robin)

À l’angle de la rue des Mariettes, dont le nom rappelle les statuettes de la Vierge placées autrefois aux angles des maisons, ce vieux logis à pans de bois (ou un logis voisin) sert de lieu de culte clandestin aux premiers adeptes des « nouvelles opinions ».

 

Place de l’Hôtel de ville

Au milieu de la place, se dresse la statue de Jean Guiton, Sieur de Repose-Pucelle (1584-1654) élu maire le 30 avril 1628, en plein siège. Il meurt en 1654, sur ses terres de Repose-Pucelle fidèle sujet du roi, mais sans avoir rien renié de sa foi protestante.

Le souhait des Rochelais d’élever un monument à la mémoire du maire de 1628 a suscité une vive polémique politique et religieuse avant que le gouvernement ne donne son autorisation. La statue, œuvre du sculpteur Dubois, a été érigée en 1911 en partie grâce aux dons des habitants de New Rochelle (banlieue nord de New York), fondée en 1687 par des huguenots rochelais, saintongeais et poitevins émigrés en Amérique après la révocation de l’édit de Nantes.

On remarque le pavage moderne de la place, qui représente une croix huguenote.

 

Hôtel de la Bourse (14 rue du Palais)

Créée en 1719, la Chambre de commerce est de tout temps présidée à tour de rôle par des catholiques et des protestants. Malgré la révocation de l’édit de Nantes, l’activité et la richesse des « religionnaires » leur permet de bénéficier d’une assez large tolérance de la part des autorités.

Construit de 1760 à 1765 sur les plans de l’ingénieur des Ponts et Chaussées Pierre Hue, se compose de deux ailes, délimitant une cour intérieure, réunies en 1785 par une élégante galerie à colonnes. Il reste un signe concret de la prospérité de la ville et de la vitalité du commerce maritime dont les négociants et armateurs protestants furent les principaux artisans au XVIIIe siècle.

 

Maison de Nicolas Venette (au coin de la rue Nicolas Venette et de la rue de l’abreuvoir)

Construite au début du XVIIe siècle par l’Espagnol Martin Bartox de Solchaga.Né à Saragosse il entre dans l’ordre de la Sainte Trinité et a des hautes responsabilités religieuses. À la suite d’une crise de conscience, il quitte le catholicisme et en mars 1603, il choisit La Rochelle pour y faire une abjuration solennelle et s’y installe comme médecin ordinaire de la ville. Il y meurt à une date inconnue, sans doute pendant le siège.

 

Église Saint-Barthélemy (rue Pernelle/rue Aufredy)

en 1558 pour la première fois publiquement à La Rochelle, Pierre David, aumônier du roi Henri II de Navarre et de la reine Marguerite de Navarre, alors en séjour dans la ville, a prêchés les principes de la Réforme. Saint Barthélemy a servi en même temps que Saint Sauveur de lieu de culte partagé avec les catholiques en 1561. De l’église ne subsiste aujourd’hui que le clocher qui comme celui de Saint Sauveur, n’a été sauvé de la destruction de 1568 que grâce à son intérêt stratégique de tour de guet.

 

Salle de l’oratoire

D’abord, chapelle du couvent des Sœurs blanches de Sainte-Marguerite (porte du XVe siècle sur la rue du Collège), elle est abandonnée par les moniales au moment des troubles religieux.

En 1567, le synode provincial de Saintonge, Aunis et Angoumois, se tient dans l’église.

Le bâtiment est utilisé comme hôpital pour les blessés pendant le siège de 1573, puis comme magasin d’artillerie. Les catholiques en occupent cependant une partie pendant les périodes où ils ont l’autorisation de célébrer la messe dans la ville. L’église est restituée aux catholiques après l’édit de Nantes. La congrégation de l’Oratoire s’y installe et construit de nouveaux bâtiments.

Après la mort d’Henri IV, les oratoriens sont expulsés de la ville et les prêches protestants reprennent en 1621 à Sainte-Marguerite.

Pour terminer l’après-midi nous avons pris une boisson chaude au café de la Paix

Quelques sites sur le protestantisme et sur La Rochelle protestante

Le site qui a servi de base pour la préparation de cette visite, après un tri, des vérifications, un peu de documentation complémentaire, un tracé, etc…

Le Musée Rochelais d’histoire protestante regorge d’information ainsi que le site de l’église protestante

Et bien sûr Wikipédia avec des articles sur les huguenots, la croix huguenote, les cinq solas et la réforme entre autres.

Quelques notions sur le protestantisme

Le protestantisme est un mouvement chrétien de renouveau spirituel et ecclésial qui prend naissance en Europe lors de la Réforme dans la période de la Renaissance (XVIe siècle) sous l’impulsion de dissidents catholiques, tels Martin Luther et Jean Calvin.

La Réforme est née de débats autour du rôle de l’Église catholique (célibat des prêtres) et de critiques du commerce des indulgences (accès direct au Paradis sans passer par le purgatoire en payant des messes).

En 1517 Luther rédige « 95 thèses », propositions contre les indulgences. Au départ c’est une dispute théologique » diffusée dans un cercle restreint de théologiens. En 1520 le pape demande à Luther de retirer 41 « erreurs » dans un délai de 60 jours. Luther refuse et est excommunié début 1521.

Le terme « protestant » lui-même est utilisé pour la première fois en 1529, quand les seigneurs et les villes qui suivent la doctrine de Luther protestent (au sens ancien du terme : affirmer publiquement une information, une opinion. Cela ne signifie pas « s’opposer », « contester »…) contre les décisions prises par la seconde diète impériale à Spire, à majorité catholique.

Le mot huguenot apparaît en français au début du XVIe siècle dans les textes ou bien dans la correspondance du pouvoir royal, où ce sobriquet donné par les catholiques français a d’abord, comme celui de papiste ou de parpaillot, une signification péjorative avant que les protestants ne l’adoptent avec fierté dans un sens de supériorité

les 5 solas :
  • Sola Scriptura (par l’écriture seulement) : la Bible est la seule autorité pour toutes les questions relatives à la fois et à la pratique. Pour les catholiques, seule l’église peut donner la bonne interprétation de la bible.

  • Sola fide (Par la foi seulement) : Si l’homme n’est pas sauvé par ses œuvres, il lui est donc simplement demandé d’avoir confiance en Dieu : c’est la foi qui vient toujours par la médiation de la Bible

  • Sola Gratia (par la grâce seulement) : l’homme n’est pas sauvé par ses œuvres morales ou pieuses. Il doit entrer dans une relation de confiance et même de certitude du caractère offert et gratuit de son salut.

  • Solus Christus (Christ seulement) : le salut de l’âme passe par le Christ seul, et non les saints ou les reliques

  • Soli Deo gloria (à dieu seul la gloire) : aucun culte rendu à un être humain mort ou vivant, objet ou symbole

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